Episode 06 : Karl y bout l'québécois
Le Mans.
Tout le monde ment.
Raconte des histoires.
Quelle vacherie cette Germaine, à peine arrivée, la voilà qui file entre les pattes de Pingouinnot et Ronchonchon en leur criant :
“ Ne vous faites pas de bile, JP est de cette couleur,
“foi de Zébu”, comme dirait mon cousin Végas
avec ses proverbes à la mords-moi-le-noeud,
mais attention, je n’ai pas dit atrabile ! ”
Vert de rage, Ronchonchon maugréa ses humeurs comiques,
comme Ben Jonson ou Don Johnson.
Tel un Django déchaîné
accompagné d’un Pingouinnot, qu’il aimait appeler “son savant docteur Schultz”,
il se laissa aller à une pièce misanthropique,
histoire de se faire péter de la broue,* façon Karl y bout l’québécois.
Il eut une montée de lait, toujours très vite sur ses patins, la broue dans le toupet, mais il dût manger ses bas, car il avait vraiment l’air d’un chien de poche.
Surtout quand Pingouinnot lui dit :
“ Niaise pas avec la puck, calme-toi le pompon, on va pas se chicaner dans la cabane, je veux pas avoir le front tout le tour de la tête, mais au lieu de se pogner le beigne, et même si je ne suis pas le boss des bécosses, attache ta tuque avec d’la broche, on s’en jettera un plus plus tard, histoire de caller l’orignal”
traduction : Ronchonchon, histoire de se faire mousser façon Karl y bout l’québécois :
Il était de mauvaise humeur, il démarrait au quart de tour, très agité, mais il dût ravaler son égo, car il commençait à être lourd, surtout quand Pingouinnot lui dit :
“Ne tourne pas autour du pot, garde la tête froide, on va pas s’engueuler, je ne veux paraître effronté, mais au lieu de perdre son temps et sans vouloir te commander, tiens-toi prêt, on s’en jettera un plus tard à s’en faire vomir.
La boussole Zéba venait elle aussi de manifester son caractère. Elle datait de l’époque d'Hypocrite, une ère nommée Billy, intemporelle, paraît-il !
Zéba indiquait “Trabitz”
La vie est faite de signes…
Pingouinnot connaissait ce bled, c’est là qu’il avait rencontré Kamélia-Kamélius,
lors de son voyage à Nuremberg, sur les traces d’Alfred Durex le jaune ou Albrecht Dürer le jeune, il ne savait plus trop.
Il en avait profité pour visiter la région.
A Trabitz l’air est glacial, on en bave, l’humeur est grise, comme le temps, les doigts sont bleus, comme les schtroumpfs, l’humour est noir, comme l’ambiance.
Kamélia-Kamélius dit K-K (prononcez KTK et non Kaka, svp !)
cette Fomme (mi femme, mi homme) avait une intuition incroyable, une puissante clairvoyance et des chaussures qu’elle (ou il) encadrait au mur.
K-K lui avait appris que la vie n’était qu’une succession d’inconstances et de changements, que ça ne servait à rien d’être mélancolique d’une époque qui n’existait que dans nos souvenirs, ça file la colique et ça rend limite hypocochondriaque (une maladie qui te joue des tours de cochon).
C’est sur que K-K pourrait les aider à comprendre ce que Germaine, cette vacherie, avait bien pu vouloir insinuer avec son histoire d’atrabile.
Pingouinnot, lui, ne savait même pas ce que Atrabilaire voulait dire (merci Walrus ce russe ou rustre un peu extraterrestre qu’on appelait Wall-E !).
Et Pingouinnot, n’allait pas se mettre la rate au court-bouillon pour cela.
Rouge de honte Ronchonchon avoua à Pingouinnot qu’il connaissait aussi Kamélia-Kamélius, il en pinçait pour cette Fomme.
K-K avait déménagé récemment vers l’Aisne dans le quartier Verlaines à Eppeville, près de chez Monsieur AKrapovic, le réparateur des causes perdues, fan des films de Rambo.
Ronchonchon retrouvait K-K, au Bon accueil pour boire un pot, en laissant échapper des soupirs de passion qu’elle (ou il) n’entendait pas.
Malgré son désordre intérieur, il avait l’air beau, en mal de fleurs, il ne pouvait se résoudre à ne pas passer du temps avec K-K, à croire qu’il avait vu la vierge Marie.
Son spleen n’avait jamais basculé du côté obscur. Son esprit critique et contestataire n’était pas le reflet d’une âme tourmentée et féroce, enfin c’est ce que l’Abbé Pierre, le Jars lui avait dit, et comme le message venait de Ciel et pas de la TV, ça devait être vrai.
Ronchonchon et Pingouinnot, tels Alceste et Philinte, s’en allèrent à la rencontre de leur Célimène, sur un air martiniquais sans avoir l’air atrabilaire.
Dommage, Pingouinnot serait bien passé par Leman, voir les expressions de nos amis suisses !
‘* expressions québécoises
péter de la broue = se faire mousser
avoir une montée de lait = être de mauvaise humeur
être vite sur ses patins = démarrer au quart de tour
avoir de la broue dans le toupet = être très agité
manger ses bas = situation d’échec, ravaler son égo
chien de poche = personne trop présente
niaise pas avec la puck = ne tourne pas autour du pot
calme-toi le pompon = garder la tête froide
pas de chicane dans ma cabane = ne pas se quereller
avoir le front tout le tour de la tête = être effronté
se pogner le beigne =perdre son temps, se tourner les pouces
le boss des bécosses = chef hiérarchique autoritaire
Attache ta tuque avec d'la broche = Tiens toi prêt
caller l’orignal = être malade à vomir avoir trop bu
http://samedidefi.canalblog.com/
DEFI 494 - Atrabilaire * les mots soulignés sont en lien avec le thème de la semaine
Retour au sommaire